PETITE ENFANCE
Grandir parmi le peuple de la forêt pourrait vous paraître une torture. Un peuple exilé, chassé, haïe dans un monde en ruine ou la moindre pluie pourrait s’averrer être un cauchemar. Cependant, les fils d’Ohibaan on grandit dans ce monde et sont capable d’y voir la beauté au sein de ce qu’il y a de plus rudimentaire. Parmi eux, un enfant en particulier avait la capacité de voir ce qu’il y avait de fantastique en toute chose. Un enfant incarnant le bonheur, souriant à la faune, à la flore, souriant aux passant, à la journée qui se lève ou à la nuit qui tombe, souriant même durant les orages ou durant les journées sans eau. Cet enfant était un véritable rayon de soleil au sein de sa famille et savait remonter le moral dans les moments difficiles par la simple aura qu’il dégageait. Son nom était Rekza, il avait grandit au sein d’une famille de Nasumirans nommée Ioshae.
Lorsqu’il atteint ses 5 ans, Rekza impressionnait par sa carrure maintes fois supérieurs à celle de la plupart des autres enfants de son âge. On sentait que le garçon allait devenir un homme grand et fort et cette spécificité lié à son optimisme avait sut faire de lui un leader au sein du groupe d’enfant qu’il côtoyait. Ce rôle avait su lui apporter une certaine confiance en lui et avait permit de consolider la relation privilégiée qu’il entretenait avec ses camarades. En grandissant, il continuait d’être aimé mais chaque enfant devait commencer à apprendre à être utile au groupe et commençaient à se former auprès des adultes.
LE DRAME (10 ans)
Le garçon s’était mit en tête de devenir un Nasumiran comme le reste de sa famille, pour découvrir le monde et apprendre de ses merveilles, et un jour il suivit discrètement son unique frère qui partait en mission d’exploration. L’excitation que ressentait l’enfant était indescriptible, âgé de seulement 10 ans, le voilà sorti du village et prêt à explorer le monde et ses secrets. Ainsi, il avait suivit son frère durant une journée entière, celui-ci avait marché sans s'arrêter en grandes enjambées, et le petit garçon devait faire preuve d’endurance et de détermination pour tenir le rythme sans se faire prendre. Plusieurs fois il avait faillit être semé par son aîné et s'apprêtait à le prévenir de sa présence, mais à chaque fois il se dit qu’il faisait quelque chose de grave et qu’il ne devait le prévenir qu’en dernier recours. Son frère s'arrêta finalement et s’installa un petit campement pour la nuit. Rekza, lui, décida de dormir à la belle étoile afin de profiter du splendide spectacle stellaire.
Au cours de la nuit, l’enfant fut réveillé par un bruit qu’il n’avait jamais entendu, un son de métal, un vacarme inconnu mêlé à des voix humaines. Il comprit rapidement qu’il s’agissait du peuple dont il avait entendu parler, dont tous les autres enfants disaient de se méfier, un peuple qui avait causé de grandes tristesse au sien, les Briseurs de Monde, les Destructeurs, les Tradyens. Il vit d’abord une lumière bleuté se faufiler au milieu des arbres, puis il vit son frère sortir en panique de son abri, se mettre à courir, et dans un éclair un tir de laser lui traversa l’abdomen et le fit tomber au sol. Les exosquelettes se rapprochaient, il hurlait, suppliait, appelait à l’aide. Des animaux vinrent le défendre mais ils n’étaient pas assez nombreux, les Tradyens les descendaient au fur et à mesure qu’ils avançaient vers l’homme. Et c’est à ce moment précis qu’il aperçut son petit frère tétanisé, derrière un arbre. Son regard se déchira et l’homme se fit exécuter de sang froid. Les larmes aux yeux, Rekza se mit à fuir, il courut toute la nuit, par miracle il ne se fit pas repérer par les hommes de métal. Il courut encore et encore, repassant en boucle la scène dans son esprit, sans comprendre le pourquoi du comment, lui qui avait toujours su voir la beauté en toute chose venait de découvrir le mal.
Les jours passèrent sans que l’on voit le sourire de l’enfant. Lui qui avait d’habitude une confiance aveugle en la vie venait d’être trahi par celle-ci. A l’heure de la lecture du dernier devoir de son frère, Ohibaan se rapprocha de l’enfant après avoir réconforté sa mère. Il lui expliqua que la mort n’était pas la fin mais qu’elle servait l’équilibre d’une façon ou d’une autre. Rekza ne comprit pas tout de suite ce que cela signifiait. Il se sentait faible, la vie lui avait toujours semblé être magnifique et aujourd’hui elle venait de lui prendre non seulement son frère mais aussi son innocence. Rekza dut ensuite apprendre la survie auprès de son père, au fil du temps qui passait, il reprit goût en la nature mais avec toujours une pointe de méfiance.
L'ENVOL (16 ans)
Arriva finalement le jour de son Envol. Le garçon était anxieu à l’idée de se rendre de nouveau dans l’inconnu. Non pas comme les autres enfants par peur de se retrouver seul avec la nature mais par la peur de ce qui venait de l'extérieur. Le jeune homme prit avec lui un couteau en os qu’il avait fabriqué quelques jours avant son départ et débuta son initiation.
Les premiers jours passèrent sans problèmes, le jeune homme avait sut trouver de quoi se nourrir et commença à se questionner sur la raison de cette épreuve, sur ce qu’il devait chercher. Il en profita pour admirer les nombreuses créations de la Faiseuse de Monde, il était toujours fasciné par la créativité dont elle faisait preuve lorsqu’il s’agissait de composer les paysages. Les trois jours qui suivirent furent plus complexes, il ne parvenait pas à se nourrir suffisamment et commençait à manquer sévèrement d’eau. Il errait dans la forêt, fatigué sans but précis. Finalement, alors que la faim et la soif le tiraillaient sévèrement il s’endormit sur un tas de feuilles. A son réveil, un petit rongeur se tenait debout sur son torse nu, il mangeait un morceau de choum qui paraissait fraîchement cueilli.
-Hey toi ! Où tu as trouvé ça ?!S’exclama le jeune homme en se redressant hâtivement, le rongeur s’enfuit et Rekza le poursuivi. Il perdit sa trace quelques mètres plus loin, à l’entrée d’une clairière. Il aperçut à l’opposée de celle-ci plusieurs choums qui poussaient là et qui pourraient le nourrir quelques jours. Il prit soin de les cueillir en replantant des graines qu’il avait sur lui. Il se fit un petit festin et dès lors qu’il eut finit il entendit gronder un coup de tonnerre. Immédiatement il se mit à courir en direction d’une caverne qu’il avait aperçu au début de la journée. Son cœur battait très fort, il était très inquiet, il savait que les orages pouvaient être très dangereux à l’extérieur du village. Pourtant le bruit, les éclairs et les légères secousses du sol à chaque coup de tonnerre lui donnaient une sorte de motivation, comme une excitation face au danger qu’il n’avait jamais ressenti. La course contre la mort lui donnait l’impression d’être plus vivant que jamais.
Lorsqu’il arriva enfin à l’entrée de la caverne il sentit comme une odeur de feu provenir de l'intérieur, peut-être qu’un autre fils d’Ohibaan s’y était lui aussi abrité ? Reprenant son souffle, il avançait par petites distance en se servant des flash lumineux de l’orage pour se repérer puis il commença à percevoir de la lumière venir du fond de la caverne. Il s’approcha et commençait à comprendre que la lumière n’était pas un feu. Ses muscles se cripèrent. Cette lumière bleuté, c’était celle qu’il avait vu la nuit de la mort de son frère. Il avança silencieusement, et aperçu un homme, seul, assis devant ce qu’on lui avait décrit comme un exosquelette Tardyen. Celui-ci fumait abondamment et paraissait hors service. Le cœur de Rekza ne s'était toujours pas calmé depuis sa course et se mit à accélérer de plus belle. En lui commençait à monter une sorte de chaleur, ses poings se serrèrent. Le Tardyen ne l’avait pas encore repéré, il semblait épuisé et avait la tête dans ses bras appuyés sur ses genoux. La machine émettait un bruit strident qui masquait le bruit des pas du jeune homme. Il se mit à avancer lentement vers l’homme, son arme était posée près de lui et était la source de la lumière. Le fils d’Ohibaan plus tendu que jamais s’avançait, son souffle devenant irrégulier, ses jambes tremblaient. Lorsqu’il arriva au niveau de l’arme il se saisit d’une pierre et l’écrasa sur cette dernière, plongeant les deux hommes dans le noir. Le bruit fit réagir le Tardyen qui émit un petit cri.
-Merde ! Y a quelqu’un ?Rekza ne dît rien mais son souffle se transformait en quelque chose de bestiale, il était comme emplit d’une rage croissante, il ressentait son adrénaline comme jamais. Un éclair éclata, les deux hommes purent échanger un regard dans une fraction de seconde, puis dans un deuxième éclair, le Sylve bondit sur sa cible, brandissant son couteaux qu’il lui planta d’un mouvement bref dans la cage thoracique. Le jeune homme se tenait sur sa victime qui hurlait, lui suppliait de l’épargner, il sanglotait et paniquait. Le garçon restait de glace, il retira le couteau du corps de l’homme puis après un moment de supplice, l’acheva en lui tranchant la gorge dans un cri puissant, jusqu’à se briser la voix. Il rampa ensuite douloureusement quelques mètres plus loin avant de rester là, immobile, un long moment, puis tomba de fatigue et s’endormit alors que la machine continuait son bruit strident et que l’orage grondait toujours dehors.
Le garçon s’était certes vengé, mais le sentiment qu’il avait ressenti ne l’avait pas libéré. Ce sentiment était différent. L’excitation, la rage... Cela lui permettait de transformer sa peur en une énergie qui le renforçait. Il avait eut de la chance aujourd’hui et il le savait, son adversaire était démuni, sa victoire était assurée mais ce ne serait pas toujours le cas. Il voulait devenir plus fort, il voulait tirer l’avantage de ses capacité physiques pour apprendre à défendre son peuple, il voulait être en mesure d’agir dans une situation comparable à celle de la nuit de la mort de son frère.
UN FUTUR VÄRSHA
Après l’orage vint une pluie acide puis après deux jours dans la caverne d’intense remise en question, Rekza rentra. A son retour, le garçon était vraiment devenu un homme. Non pas parce qu’il avait tué quelqu’un, mais parce qu’il avait donné du sens à son existence, parce qu’il avait comprit la volonté de l'Équilibre au sujet de la mort de son frère. Aucune mort n’est vaine, celle-ci avait mit le jeune homme dans la voie qu’il voulait suivre, celle de la défense de son peuple, la voie du Värsha. Pour conclure son Envol, il se fit tatouer un oeil sur le dos de chaque main, et le symbole des Värshss sur l’avant bras. Pendant les années qui suivirent il s’entraina au combat et à la survie, il apprit à manier la hache aux côtés de son tuteur et il s'apprêtait désormais, agé de 20 ans, à effectuer la première mission de sa destinée de guerrier.